Allocution du ministre Pierre Arcand
Suivant le mot de bienvenue prononcé par MM. Morel et Larochelle, le ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, M. Pierre Arcand, est intervenu afin de présenter l’historique de l’implantation de la GISL au Québec ainsi que l’importance de la concertation dans la protection des ressources liées au fleuve.
La version prononcée fait foi.
C’est un véritable privilège pour moi de participer à l’ouverture du premier Forum Saint-Laurent. Nous entamons aujourd’hui un nouveau chapitre dans l’histoire du Saint-Laurent. Un chapitre qui, j’en suis convaincu, permettra de grandes avancées pour la conservation et la mise en valeur de cette ressource importante.
Joyau historique niché au coeur du territoire du Québec, le Saint-Laurent a donné une couleur particulière au développement social et économique non seulement du Québec, mais également du Canada et de l’Amérique du Nord. Par contre, et nous devons en convenir, il a subi au fil du temps de nombreuses pressions qui menacent son équilibre et la richesse de ses écosystèmes.
Sa superficie, son débit, ses écosystèmes et ses milieux naturels constituent une richesse unique et irremplaçable. Et nous avons la responsabilité, en tant que société, de protéger cette richesse au bénéfice des citoyens actuels et futurs. Il est aujourd’hui temps de pousser encore plus loin notre engagement à l’égard de la préservation de cet important cours d’eau. Car les actions que nous mettons en oeuvre aujourd’hui auront des conséquences sur la société que nous serons demain.
La collaboration Canada-Québec
Depuis déjà maintenant 24 ans, les gouvernements du Québec et du Canada travaillent en étroite collaboration afin d’assurer la pérennité de cette importante ressource. Comme vous le savez, depuis 1988, une entente bilatérale appelée « Plan Saint-Laurent » était mise en oeuvre et renouvelée tous les cinq ans. Ces ententes quinquennales ont permis de mieux encadrer les actions gouvernementales visant la conservation et la mise en valeur du Saint-Laurent.
Une nouvelle entente d’une durée de 15 ans, appelée le Plan d’action Saint-Laurent 2011-2026, a été signée en novembre dernier. Celle-ci s’articule autour d’enjeux spécifiques et mise avant tout sur la concertation et le partage des connaissances. Le plan a été conçu de manière à poursuivre au mieux de nos capacités le vaste processus de collaboration que le Québec et le Canada ont entrepris ensemble il y a plus de 20 ans.
De grands défis nous attendent, mais nous avons pris les mesures nécessaires pour être à la hauteur de nos objectifs. Grâce à la participation financière des deux gouvernements, ce plan d’action bénéficiera d’un budget de 70 millions pour les cinq premières années. Cela permettra, entre autres, la mise en oeuvre de projets ambitieux, élaborés dans une optique de développement durable.
La gestion intégrée de l’eau au Québec : nouveau mode de gouvernance
Parmi les grands faits saillants de cette entente, il faut mentionner la mise en oeuvre de la GISL. Le Québec a placé la protection de l’eau au coeur de ses priorités gouvernementales. Ainsi, avec l’adoption en 2009 de la Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau et visant à renforcer leur protection, le Québec s’est doté d’un nouveau mode de gouvernance de l’eau. Pour la première fois, l’eau jouit d’un statut juridique qui la définit comme une ressource collective. Cette loi consolide la gestion intégrée et concertée de l’eau et l’intention du Québec de mettre en place des mesures de gestion pérenne visant une saine gouvernance des ressources en eau sur l’ensemble du territoire méridional, y compris le Saint-Laurent, qu’elle reconnaît comme une unité hydrographique d’intérêt exceptionnel.
Différentes mesures prises à l’échelle internationale, nationale et provinciale montrent les efforts du Québec pour assurer la sauvegarde des ressources en eau. J’aimerais mentionner notamment la mise en oeuvre de l’Entente sur les ressources en eaux durables du bassin des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent signée entre le Québec, l’Ontario et huit États américains riverains des Grands Lacs. Il s’agit d’une première initiative entre États fédérés pour réglementer l’usage de l’eau. Cette entente permet aux acteurs concernés de fournir un effort concerté pour assurer sa pérennité dans ce vaste bassin.
De plus, par la création de 40 zones de gestion intégrée par bassin versant, ce nouveau mode de gouvernance basé sur la concertation des acteurs est maintenant bien établi sur l’ensemble des rivières du Québec méridional. Enfin, la GISL qui s’amorce avec le PASL vient compléter la mise en oeuvre de ces mesures.
Toutes ces actions mettent en lumière la volonté du Québec de devenir un modèle en matière de gestion des réserves hydrographiques.
La gestion intégrée du Saint-Laurent
La prise de décision relativement aux ressources en eau est un processus complexe, notamment en raison du grand nombre d’acteurs et des usages multiples du Saint-Laurent. La GISL est un processus permanent basé sur la concertation de l’ensemble des décideurs, des usagers et de la société civile, pour une planification et une meilleure harmonisation des mesures de protection et d’utilisation des ressources de cet important écosystème.
Ce processus se traduit par deux composantes principales, soit un forum annuel et la mise en place de tables de concertation régionales permanentes et autonomes dont le mandat sera de réaliser des plans de gestion intégrée régionaux.
La mise en place de ces tables de concertation est maintenant amorcée. J’aimerais profiter de ma présence ce matin pour souligner que les Communautés métropolitaines de Québec et de Montréal (CMQ et CMM) ont accepté la coordination des tables de leurs régions respectives. Permettez-moi de mentionner la présence aujourd’hui de M. Marc Rondeau, directeur général de la CMQ, et de M. Michel Allaire, coordonnateur environnement de la CMM, qui sont engagés dans les démarches administratives en cours visant à conclure prochainement une entente entre le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs et ces organisations pour la création officielle de ces tables.
Le forum qui nous réunit aujourd’hui se veut un point de rassemblement annuel des représentants gouvernementaux et non gouvernementaux ayant des responsabilités ou des intérêts liés à la gestion des ressources et des usages du Saint-Laurent. C’est dans ce contexte que vous êtes invités aujourd’hui à partager votre expertise et vos solutions concernant les défis auxquels le Saint-Laurent fait face.
L’importance de la concertation
La concertation est un thème qui revient souvent quand on parle de la gestion intégrée de l’eau, et pour cause ! La gestion intégrée touche un très grand nombre d’acteurs dont les motivations, les attentes et les visées peuvent être très différentes. Je suis convaincu que les meilleures options de gestion du Saint-Laurent se trouvent dans la force du nombre. L’engagement responsable et concerté de tous les acteurs favorisera un dosage optimal de mesures environnementales, sociales et économiques dans la prise de décision.
J’en profite pour vous faire part d’une nouvelle mesure annoncée lors du récent dévoilement du budget 2012-2013. Il s’agit du projet des trames vertes et bleues pour les régions métropolitaines de Montréal et de Québec. Nous investirons 60 millions de dollars afin, notamment, de protéger les milieux naturels, les rives et le littoral des rivières et du fleuve Saint-Laurent. Inspirées du concept de ceintures vertes déjà mis en oeuvre dans certaines villes au Canada et dans le monde, ces trames visent à contrôler l’urbanisation diffuse, à mettre en valeur des espaces naturels et à améliorer le cadre de vie de la population.
Or, nos efforts pour la protection des plans d’eau ne s’arrêtent pas là. Nous avons pris la décision de renouveler l’aide financière de cinq millions de dollars sur cinq ans pour associer des organismes environnementaux à des travaux de revégétalisation des berges, de réduction des émissions de phosphore à la source ou encore à diverses activités de sensibilisation et d’éducation. Les actions menées avec les organismes de bassin versant et les conseils régionaux de l’environnement ont porté fruit, et les sommes accordées permettront de poursuivre les efforts entamés.
Notre réflexion collective doit s’articuler autour de savoirs diversifiés et pluridisciplinaires. Les usages des ressources en eau sont tout aussi diversifiés que les acteurs qui les mettent en pratique.
La concertation est devenue essentielle pour le développement de mécanismes de gestion adaptés aux réalités existant dans les milieux concernés.
Aujourd’hui, nous sommes au début de ce qui est notre engagement des 15 prochaines années à l’endroit du Saint-Laurent. Les idées et la motivation qui nous animent sont le fruit d’une longue collaboration. Nous démontrons une fois de plus notre volonté de conserver le Saint-Laurent comme pierre angulaire du développement du Québec.
Faisons en sorte qu’ensemble, nous réussissions à préserver la beauté et la complexité de cette ressource essentielle.