Les espèces aquatiques envahissantes du Saint-Laurent marin
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État actuel : Intermédiaire - Bon
Tendance : Stable
Faits saillants
L’état actuel (2013-2015) de la situation des espèces aquatiques envahissantes (EAE) dans le Saint-Laurent marin au Québec est jugé « Intermédiaire-Bon ». Les constats actuels pour l’indice d’envahissement relatif pour les trois secteurs maritimes sont « Intermédiaire » pour les Îles-de-la-Madeleine et « Intermédiaire-Bon » pour la Gaspésie et la Côte-Nord. Ces résultats montrent une augmentation de la catégorie de l’indicateur au cours de la dernière décennie pour les Îles-de-la-Madeleine et la Côte Nord alors qu’il est demeuré stable en Gaspésie.
Mesures-clés
Indicateur
L’indice d’envahissement représente la somme des proportions des sites occupés par chaque espèce aquatique envahissante (EAE) pour chaque année du suivi. Une EAE donnée obtient une proportion de 1 lorsque cette espèce a été observée dans tous les sites d’échantillonnage du secteur maritime. Pour chaque secteur, un indice d’envahissement moyen a été calculé sur des périodes variant de trois à quatre ans.
Catégories de l’indice d’envahissement relatif
La catégorie d’état (Bon, Intermédiaire-Bon, Intermédiaire, Intermédiaire-Mauvais et Mauvais) est établie en comparant l’état de la situation des EAE marines au Québec à celle de la côte est canadienne où un total de 11 EAE a été observé dans le cadre du programme de suivi de Pêches et Océans Canada. Un indice d’envahissement de 11 représente donc la valeur maximale qu’un secteur pourrait obtenir si toutes les EAE étaient présentes dans tous les sites d’échantillonnage. Les indices d’envahissement moyens par secteur ont été classés en fonction de cinq catégories d’état :
Un constat global pour le Saint-Laurent marin au Québec est établi en calculant la moyenne des indices d’envahissement obtenus dans les trois secteurs maritimes.
Problématique
Définition
Une espèce aquatique envahissante est définie comme étant un végétal, un animal ou un micro-organisme (virus ou bactérie) non-indigène qui est introduit hors de son aire de répartition naturelle, qui s’y établit avec succès et dont la propagation a des conséquences écologiques, économiques et sociales importantes. La présence de ces espèces est un enjeu de plus en plus préoccupant à l’échelle mondiale autant dans les milieux marins que d’eau douce.
Crabe vert (Carcinus maenas)
Photo : Claude Nozères © Pêches et Océans Canada
Caractéristiques
Les EAE possèdent des attributs favorisant leur établissement et leur propagation dans un nouvel environnement. En effet, les EAE sont généralement tolérantes à différentes conditions environnementales et possèdent une grande variabilité génétique. Ces espèces ont souvent une croissance rapide et possèdent une bonne capacité d’adaptation à divers milieux. Elles sont aussi capables de se reproduire et se disperser rapidement, et ont généralement peu de prédateurs, de parasites et de compétiteurs.
Vecteurs d’introduction et de propagation
Les EAE peuvent être introduites dans un nouvel environnement et se disperser de différentes façons. Le mécanisme qui permet le mouvement d’une espèce entre son point d’origine vers une nouvelle région, que ce soit de façon volontaire ou non, est appelé vecteur d’introduction ou de propagation. Bien que les vecteurs puissent être des phénomènes naturels tels que les courants, les inondations ou la migration d’organismes, la plupart des introductions d’EAE sont liées aux activités humaines. Parmi les principaux vecteurs d’origine anthropique mentionnons : la navigation commerciale et de plaisance (eaux et sédiments de ballast et les biosalissures), l’aquaculture, l’aquariophilie, les activités de pêche sportive et commerciale, la transformation des produits de la pêche et aquacoles, le commerce de poissons vivants et l’horticulture spécialisée en jardins d’eau.
Conséquences écologiques, économiques et sociales
L’intégrité des écosystèmes peut être compromise par les EAE. En plus d’affecter les espèces indigènes par la prédation et la compétition dans la recherche d’habitat et de nourriture, les EAE peuvent également diminuer la diversité génétique des espèces indigènes par hybridation et menacer des espèces rares ou vulnérables. Les impacts de ces espèces sur les écosystèmes sont souvent majeurs et irréversibles.
Plusieurs domaines d’activités économiques d’importance tels que l’aquaculture, les pêcheries récréatives et commerciales, ainsi que plusieurs activités récréotouristiques, peuvent être touchés par les EAE. En diminuant la qualité et l’attrait de ces activités, les EAE peuvent donc causer des pertes de revenus ainsi qu’engendrer des dépenses importantes et récurrentes. À titre d’exemple, mentionnons le nettoyage régulier des filières de moules bleues envahies par les tuniciers dans les exploitations maricoles.
Tuniciers recouvrant des moules de culture
Photo : Chris McKindsey © Pêches et Océans Canada
Description longue
Schéma présentant les différents vecteurs d’introduction naturels (courants, auto-stoppeurs sur d’autres espèces, migrations) et anthropiques (biosalissures sur les coques, bateaux de pêche, eaux de lest, aquaculture, aquariophilie).
Programmes de suivi et de surveillance
Plusieurs espèces venues d’ailleurs dans le monde ont réussi à s’établir dans le Saint-Laurent et certaines d’entre elles font présentement l’objet de programmes de suivi. Dans le cadre du Plan d’action Saint-Laurent, différents indicateurs ont été développés par les ministères provinciaux et fédéraux afin de faire le suivi des espèces aquatiques envahissantes du fleuve Saint-Laurent. Ces indicateurs ont été développés à partir des programmes de suivi : 1) des espèces aquatiques envahissantes en milieu marin; 2) des plantes aquatiques envahissantes des milieux humides d’eau douce et; 3) des EAE en eau douce. Cette fiche vise à présenter le portrait de la situation des EAE marines par le biais des résultats du programme de suivi des EAE du Saint-Laurent marin au Québec.
Portrait de la situation
Programme de monitorage des espèces aquatiques envahissantes
L’état de la situation des EAE marines a été réalisé à partir des résultats d’un programme de suivi mené par Pêches et Océans Canada, en collaboration avec Merinov, les aquaculteurs et les pêcheurs, dans trois secteurs maritimes : Îles-de-la-Madeleine, Gaspésie et Côte-Nord du golfe du Saint-Laurent. Les objectifs de ce programme visent à détecter le plus rapidement possible les nouvelles EAE, suivre leur dispersion et à minimiser les risques d’introduction et de dispersion de ces espèces par le biais de la sensibilisation et d’une réponse rapide.
Méthodologie
Tuniciers envahissants et autres espèces sessiles
Ce volet du programme a débuté en 2006 pour les secteurs des Îles-de-la-Madeleine et de la Gaspésie, et en 2009 pour le secteur de la Côte-Nord. Des collecteurs sont utilisés pour détecter et suivre les EAE sessiles, et plus particulièrement les tuniciers envahissants (Figure 1). Les efforts d’échantillonnage se concentrent dans les sites où les risques d’introduction sont les plus élevés, soit les marinas, les ports commerciaux et de pêche et les sites aquacoles. De juin à octobre, un minimum de six collecteurs est installé aux différents sites d’échantillonnage à environ un mètre sous la surface de l’eau, attachés sur des infrastructures portuaires ou en mouillage. Des suivis en plongée sous-marine sont également réalisés sur une base régulière aux sites les plus préoccupants, ou encore, pour réaliser une évaluation de la situation après la découverte d’une nouvelle EAE.